« On raconte aux enfants que les filles naissent dans les roses et les garçons dans les choux. Je crois que je suis née dans un potager. Petite, j’adorais faire la sieste dans les rangs de haricots, bien installée dans le sillon et à l’ombre sous les plants.
Mes grands-parents étaient maraîchers et les saisons rythmaient notre vie en couleurs et en saveurs, les premières salades de printemps, les savoureuses tomates de l’été, les haricots si croquants, la vigne en automne, les blettes, les choux pour les soupes d’hiver…. Sans oublier les arbres fruitiers croulants sous le poids des cerises, des pêches, des abricots ou des noix.
Mon plus beau souvenir de festin potager est lié à une plante au goût acidulé, le pourpier. C’était mon caviar de l’été, cru en salade avec des tomates et des oignons frais ou cuits avec du boulghour.
Pour l’hiver, ma grand-mère le conservait en bocal avec une marinade très vinaigrée, le pourpier ressemblait alors à de la salicorne. Je me souviens aussi d’un plat « de santé » que ma grand-mère cuisinait au moins une fois par an pour toute la famille, une prescription médicale fort savoureuse : c’était un plat de boulghour avec des tomates, de l’ail, de l’oignon, du jus de citron et une bonne douzaine d’herbes et jeunes pousses dont j’ai oublié hélas quelques références. Des jeunes pousses de blettes, de chou, de coquelicot, de poireaux, d’ortie, d’oseille et de bourses-à-pasteur… Voilà comment je pourrais résumer l’insouciance de mes cinq ans.
C’est dans la transmission culinaire que je retrouve ce bonheur du partage et c’est avec un grand enthousiasme que je soutiens l’association Kiwi Organisation »
Sonia Ezgulian
Cuisinière, auteur, journaliste
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