Notre association va proposer par l’intermédiaire de Karine Allemand la médiation animale. Pourquoi ? : “car intervenir à l’hôpital c’est une approche non médicamenteuse en complément des soins traditionnels. Apporter de la joie, du plaisir, de l’apaisement aux personnes hospitalisées. Aider à oublier un peu la maladie pour se centrer sur l’animal et le jeu. Concentrer les échanges des proches autour de l’animal et moins sur la maladie. Faciliter l’acceptation de la prise de médicaments, soutenir le malade et l’équipe soignante, lors des soins.” explique Karine
Karine, qui es-tu ?
Je m’appelle Karine Allemand, j’habite dans l’Ouest lyonnais et je suis infirmière diplômée d’état depuis 30 ans. J’ai exercé aussi bien dans les structures hospitalières qu’à domicile. Je suis également formée et certifiée intervenante en médiation animale (zoothérapeute) avec l’association AZCO, titulaire de l’ACACED (Attestation de Connaissances pour les Animaux de Compagnie d’Espèces Domestiques), délivré par le ministère de l’agriculture.
Quel est ton parcours et pourquoi « Patt’Emotions » ?
Ma vocation d’infirmière m’a permise d’exercer dans différents cadres en tant que salariée ou en libéral. Parallèlement, j’ai toujours vécu et été entourée d’animaux d’espèces différentes, passion que j’ai transmise à mes enfants qui ont grandi à leurs côtés. C’est d’ailleurs pendant cette période que j’ai pu observer, au plus près, la relation particulière, naturelle et réconfortante entre mes enfants et nos compagnons à poils et à plumes.
Mon fils aîné, dyslexique a pu trouver pendant son parcours scolaire difficile, une aide à la résilience, à l’estime et la revalorisation de soi dans la relation à l’animal, particulièrement auprès de nos chats, toujours partant pour être à ses côtés. Mes deux autres enfants, diagnostiqués HPI HPE avec des troubles anxieux ont mené un parcours long, parfois douloureux. Le contact avec nos chats, lapins, chien, perroquet les ont aidés dans leurs interactions sociales et ont trouvé apaisement et réconfort. Le non jugement de l’animal trouve ici tout son sens. C’est un socle qui leur est encore, à ce jour, indispensable.
Tout a basculé pour moi lorsque j’ai appris, il y a 3 ans, que j’étais atteinte d’un cancer agressif. Je suis devenue une patiente du jour au lendemain. Tout s’est alors enchaîné très vite. Il a fallu «prendre le train en marche», accepter la maladie, les soins, le fait que rien ne sera plus jamais comme avant, les incertitudes, la solitude face à soi même et aux autres. Mes compagnons à quatre pattes ont toujours été à mes cotés et le fait de pouvoir encore m’occuper d’eux, d’avoir cette responsabilité ont été gage de motivation et d’interactions. J’ai longtemps réfléchi à ce qui allait me porter pendant et après mon parcours de soins.
C’est en faisant le lien entre mon vécu de soignante, celui de maman aidante auprès de mes enfants au parcours atypique et mon regard en tant que malade, que j’ y ai trouvé du sens : Allier ma passion pour les animaux en travaillant à leur coté et rester active dans la relation d’aide. Cette évidence m’a permise de me former à la médiation, à une meilleure connaissance éthologique des animaux et un approfondissement des différentes fragilités des bénéficiaires.
Qu’est ce que la médiation par l’animal et à qui s’adresse t-elle ?
La médiation animale s’appuie sur ce lien très fort , existant depuis des millénaires entre l’homme et l’animal. Elle fait intervenir une relation triangulaire entre un bénéficiaire (tout type d’âge et de fragilités), un intervenant formé et un ou plusieurs animaux, spécifiquement sensibilisés à l’inter-action et sélectionnés.
La médiation par l’animal ne soigne pas en tant que tel. L’animal n’est ni un objet, ni un thérapeute, ni un médicament. C’est un partenaire en soutien à l’intervenant. L’attrait que l’animal exerce auprès des bénéficiaires et sa capacité naturelle à stimuler, va faciliter la relation, créer LA rencontre, donner de l’élan, du plaisir , du réconfort. Cette motivation positive qui en découle sera une aide précieuse à la thérapie, l’éducation, l’éveil et va permettre d’entre-ouvrir des portes que la vie a parfois fermées à des personnes isolées ou fragilisées. Elle travaille ainsi à solliciter, maintenir, améliorer, développer les capacités cognitives, motrices, psychosociales, affectives des personnes tout en apportant envie et bien être.
Il existe différents programmes. Ils peuvent être thérapeutiques et éducatifs toujours en concertation avec les équipes de soin, d’éducation ou de réinsertion, d’animation dans le but d’améliorer ou maintenir la qualité de vie (en augmentant la participation aux ateliers plus récréatifs et éducatifs). Et il y a aussi des programmes d’éveil auprès des plus petits. Ces programmes peuvent trouver leur place aussi bien à domicile, à l’hôpital, dans des institutions spécialisées, des maisons de retraite, des Ehpad, les crèche et écoles, dans le cadre de réinsertion, en ferme pédagogique, etc.
En amont de tout programme, des objectifs d’accompagnement sont réfléchis et proposés avec des équipes pluri-disciplinaires, la famille, la personne bénéficiaire elle même. En partenariat avec l’animal médiateur, divers supports pédagogiques sont proposés en complément. Les objectifs travaillés sont régulièrement évalués afin de prendre en compte les effets bénéfiques réalisés par l’équipe médiatrice. Quelque soit la séance programmée, elle est prioritairement basée sur le plaisir, l’envie du bénéficiaire qui doit se sentir libre et volontaire pour un véritable investissement affectif. C’est seulement dans ce cadre que l’on pourra aider au dépassement des difficultés et des blocages possibles.
Et l’animal dans tout ça ?
L’animal est un formidable médiateur. Il crée dès son arrivée, au sein d’une séance, un élan aux interactions, c’est une entrée en relation facilitée et gratifiante. Il est source de multi stimulations. Il ne juge jamais.
Il agit comme un effet miroir, face à la personne qui pourra exprimer plus facilement ses propres ressentis en parlant des ressentis de l’animal. Nos compagnons médiateurs avec qui nous travaillons sont souvent le chien, le lapin, le cochon d’Inde, le cheval, l’âne, la chèvre, la poule, la caille, le gerbille, le chichilla, le furet, etc. Ils peuvent intervenir seul ou à plusieurs.
Mais, C’est aussi un véritable défi au quotidien!! Il faut mettre en place une réflexion en amont de tout programme pour optimiser le choix de l’animal en fonction du bénéficiaire et des objectifs.
Il faut réfléchir sur les conditions de vie, avant, pendant et après les séances de travail, préserver leur bien être avant tout , respecter leur comportement spécifique lié à l’espèce et à la race d’où la nécessité de se former en éthologie animale afin de s’assurer que l’animal prend du plaisir en séance.
Il est aussi nécessaire d’établir un programme de prévention des risques liés aux principales zoonoses digestives et dermatologiques. Cela nécessite un suivi vétérinaire rigoureux, des dépistages, une application des protocoles vétérinaires et d’hygiène.
Et bien sur, l’Intervenant se doit d’être vigilant quant à la sécurité de l’animal et de son respect en posant un cadre en séance.
Quel est ton projet dans un avenir proche ?
Bien que continuant à me former, je souhaite mener à terme mon projet prochainement
et particulièrement m’orienter vers deux axes :
– Le premier axe de travail, grâce à mon parcours d’infirmière, c’est de pouvoir développer la possibilité d’ intervenir, de manière régulière, auprès d’enfants ou d’adultes nécessitant des hospitalisations fréquentes. L’accès à l’hôpital en France reste difficile pour des raisons budgétaires mais aussi à cause des contraintes d’hygiène mises en place. Nous avons du retard par rapport aux pratiques du Canada, de la Grande Bretagne etc… Mais de plus en plus, la médiatisation à la médiation animale et ses bienfaits désormais reconnus commencent à faciliter l’accès des structures hospitalières sous condition de protocoles clairement définis et respectés.
Pour exemple, au printemps 2023, et pour la première fois, l’Institut Curie, premier centre français de lutte contre le cancer, à Paris, a installé à temps plein dans ses services de soins, un chien de médiation pour accompagner les soignants et les patients traités, Cette action s’inscrit dans le cadre d’une étude baptisée M-KDOG chargée d’évaluer le bénéfice de la présence d’un chien de médiation dans le cadre hospitalier.
– Le deuxième axe que je souhaite développer : Aller à la rencontre des personnes isolées à leur domicile. De par ma pratique de soins à domicile, j’ai souvent rencontré des personnes fragilisées et souffrant de solitude. Le nombre de personnes isolées, la plupart du temps, âgées, ne cesse d’augmenter. L’animal peut être une aide précieuse pour lutter contre l’isolement, la perte de mobilité et d’autonomie en procurant une grande variété de stimulations. L’animal est particulièrement capable de démonstration d’affection. C’est un partenaire de jeux extraordinaire qui va solliciter la personne tant sur le plan moteur que cognitif.
Ainsi, je reste persuadée que la médiation animale, par les relations bénéfiques susceptibles de se tisser entre l’homme et l’animal permettent de faciliter ou de renforcer l’action des professionnels de santé et de l’action sociale auprès des populations fragilisées. C’est ce à quoi je souhaite m’employer à développer.
« L’animal ne juge pas, l’animal ne ment pas,
l’animal ne reprend jamais ce qu’il a donné,
l’animal règle le rythme de notre vie » Guy Gilbert
Fondateur de le Bergerie de faucon,
au service des jeunes en réinsertion