Cette question a-t-elle un sens et pour qui ?
En tant que professionnel de la santé, souvent la question se pose plus en rapport avec notre activisme professionnel et la prérogative des soins.
L’espace est mesuré et s’organise justement autour des soins. Si la relation doit être prise en compte et est bien comprise pour son importance par l’ensemble des équipes soignantes, la réalité fait que le fonctionnement et l’organisation hospitalière ne facilite pas toujours l’approche des équipes auprès de leurs publics. Beaucoup d’incompréhensions et frustrations naissent parfois entre tous, à savoir les personnes hospitalisées, leurs familles ou proches et les personnels hospitaliers…
Objectivement, c’est aussi rassurant dans le sens où l’hôpital n’est peut être finalement pas uniquement un lieu de soins mais aussi d’abord un lieu de vie.
Pour une personne hospitalisée, très souvent, il n’y a plus cet activisme professionnel, plus de repères familiaux habituels ou plus de jeux en fratrie pour les plus jeunes. Il peut donc se produire quel que soit l’âge, une perte des repères habituels, une perte de son environnement proche, une perte logique du temps et de l’espace, une perte ou des altérations à sa culture ou à la culture.
De plus l’hôpital n’a pas toujours une frontière très précise entre le lieu privé d’une chambre par exemple, et le lieu ou espace public des couloirs. Il peut s’en suivre des gènes ou sentiments de manque d’intimité.
L’espace ou la place que l’on donne à chaque personne hospitalisée devrait faire partie d’une vraie prise en charge globale.
Est-ce que l’on peut dire que l’espace conditionne l’approche ?
Sans tomber dans l’utopie,la difficulté à l’hôpital est de faire coïncider la logique hospitalière avec les espaces vitaux et nécessaires pour les malades et leurs familles. De plus en plus, les nouvelles structures hospitalières intègrent les données concernant l’espace de la chambre avec les meilleurs conforts possibles mais aussi les espaces «lieux de vie » dans l’hôpital ainsi que des espaces réservés aux associations qui interviennent pour le bien être des personnes hospitalisées… Cela peut être des jardins intérieurs, des galeries avec échoppes marchandes, des lieux d’exposition, un café, des lieux de rencontres possibles entre familles et personnes hospitalisées quand elles peuvent sortir de leur chambre etc..L’hôpital et la culture hospitalière peuvent évoluer.
L’hôpital peut parfois être un relais à d’autres institutions culturelles en donnant la possibilité aux personnes accueillies de découvrir une œuvre, un art ou tout autre manifestations culturelles ou artistiques qu’elles n’auraient peut être pas eu l’occasion de découvrir à l’extérieur. Il existe une adaptation possible par de bons projets menés en partenariat pour le bien de tous, et cela peut créer une dynamique à l’intérieur de l’hôpital entre malades, personnels et familles. Il existe un lien entre l’intérieur et l’extérieur de l’hôpital.
Rendre une personne active et volontaire par l’apport d’une approche cohérente et pluridisciplinaire peut l’amener à mieux accepter son hospitalisation et à mieux accepter ses soins.
En finalité, le malade est d’abord un être citoyen et un être unique selon les chartes des personnes hospitalisées et la convention des droits de l’homme.
Article pour un colloque organisé par le « Grand Lyon »
Hôpital, urbanisme et architecture
Philippe Bonhomme
Animateur socio-culturel en pédiatrie
Hôpital Femme Mère Enfant Lyon